A distance (3/3) - Une fenêtre sur l’extérieur, une lucarne sur l’intérieur : des stratégies de protection de son intimité

Rédigé par Antoine Courmont

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17 juin 2021


Si la période de confinement a accompagné un accroissement des pratiques numériques du côté de la plupart des enquêtés, quelles perceptions ont eu les enquêtés de ces nouvelles pratiques numériques ? L’entrée du monde extérieur dans le foyer, par l’entremise de l’écran, a-t-elle soulevé des questionnements, des frictions, voire donné lieu à des stratégies adaptatives pour contenir cette irruption ? Cet article explore le ressenti subjectif de ces nouveaux usages, en interrogeant leur caractère plus ou moins intrusif, et les différentes réponses qui y ont été apportées.

 

Une vision positive des outils numériques

Le sondage conduit par l’IFOP pour la CNIL permet de poser des jalons quant au sentiment d’intrusion qu’a pu occasionner l’usage des outils numériques dans la sphère personnelle des répondants. En tendance, une minorité de répondants exprime avec force ce sentiment d’« envahissement » dans leur espace personnel par le biais du numérique: ils sont 18% à considérer que l’usage des outils numériques s’est révélé intrusif dans la sphère éducative, 16% à  considérer que cela a été le cas dans le cadre du travail et 10% à le souligner concernant la santé. Ils sont en revanche plus nombreux (entre un quart et un tiers) à déclarer avoir ressenti un certain malaise de ce point de vue : 33% des répondants ont perçu l’usage des vidéos comme « un peu » intrusif dans le cadre du travail, 30% dans le cadre de l’éducation et 26% dans le cadre de la santé. Les résultats de l’enquête soulignent également que cette sensibilité au caractère intrusif des outils vidéo est particulièrement marquée chez les jeunes (+19 points dans le domaine de la santé, +13 points dans le domaine de l’éducation, +17 points dans le domaine professionnel). 

 

 

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Si l’on met ces résultats en perspective avec l’enquête qualitative, il apparaît que le sentiment global associé aux nouveaux usages numériques est, en tendance, plutôt positif chez les enquêtés rencontrés. Cette appréhension favorable du numérique, comme opportunité plutôt que comme menace ou risque, semble être nourrie par deux raisons majeures.  

D’abord, dans un contexte d’enfermement et de très forte restriction des libertés, le numérique a avant tout été perçu comme une fenêtre vers l’extérieur, une ouverture sur le monde rendant poreuse nos bulles de confinement. Dans les entretiens menés, le terme d’« intrusion » à propos des outils numériques n’a quasiment jamais émergé spontanément ; à l’inverse, ils ont fréquemment été associés par les enquêtés à de nouvelles possibilités et potentialités, à un élargissement de l’horizon domestique quotidien. Tel qu’évoqué précédemment, les outils numériques se sont en effet prêtés à une diversité de fonctions : entretenir des relations avec ses proches, assurer un lien avec le collectif de travail, accéder à des ressources ou services que l’on n’a pas à domicile, se détendre et se changer les idées via des usages plus récréatifs, etc. Les outils numériques ont donc avant tout été perçus comme des instruments permettant d’assurer un semblant de continuité avec la « vie ordinaire », avec le mode de vie habituel : ils ont permis davantage qu’ils n’ont contraint. Ces éléments font pour partie écho à l’analyse que fait Antonio Casili du rôle du numérique pendant la crise sanitaire : il serait finalement revenu à ses « fonctions originelles », à savoir assurer une infrastructure de communication et une continuité productive dans un contexte de crise ou de catastrophe (tel que cela avait été initialement imaginé dans le cadre du projet ARPA mené par l’armée américaine).

Ensuite, il faut souligner que l’ensemble de ces nouveaux usages se sont déployés dans un contexte perçu comme exceptionnel, marqué par l’urgence, et qui a supposé des accommodements et ajustements « en accéléré », sans que, bien souvent, grand-chose n’ait été anticipé. Ce contexte très particulier a ainsi amené l’ensemble de la population à tenter de s’adapter rapidement aux nouvelles configurations familiales, professionnelles, scolaires que la situation impliquait. Ainsi, l’usage du numérique est apparu comme une opportunité ou comme une nécessité dans un tel contexte, sans que cela ne soulève nécessairement de questionnements sur le moment : la posture de beaucoup d’enquêtés a ainsi été avant tout pragmatique. Ainsi, chez les enquêtés peu accoutumés à l’utilisation des outils numériques, ceux-ci sont rapidement apparus comme incontournables, a minima pour certains usages. Le rapport au numérique, aux nouvelles pratiques développées pendant le confinement sont donc fortement empreints de ce contexte, vécu comme une « parenthèse » ; cela signifie également que cela ne préjuge pas des conclusions que l’on pourrait tirer du vécu de ces nouveaux usages en prenant une focale temporelle plus large. L’émergence de débats, notamment, autour de la question du télétravail suite au confinement en constitue une bonne illustration : passée l’urgence, les questions soulevées se posent différemment. 

La porosité des sphères sociales induites par le confinement a pu également être perçue positivement. Pour certaines personnes interrogées, elle a participé à transformer les relations de travail ou avec les enseignants. L’abolition des frontières et de certains codes habituels aurait ainsi permis, dans certains cas, de déplacer pour partie les normes et configurations relationnelles. Par exemple, certains enquêtés expliquent en effet avoir échangé assez régulièrement, par mail ou parfois par téléphone, avec les professeurs, alors qu’ils n’en avaient pas l’habitude auparavant. Une enquêtée témoigne : « La maîtresse, c’est toujours quelqu’un qu’on voit pas, si on veut la voir faut prendre un rdv, c’est un peu un fantôme… On a pas de contact, si on cherche pas à les voir. Donc là, j’ai apprécié. Et ensuite, quand j’allais chercher ma fille, elle était vachement accessible, beaucoup plus sympa après… J’ai trouvé que ça a avait changé… » (Elodie G. 38 ans, employée, comptable dans une caisse de retraite). L’enquête menée par l’anthropologue Pascal Plantard confirme ce rapprochement inédit entre les parents et les enseignants à la faveur de la crise.

 

Un sentiment diffus d’intrusion spatiale et temporelle

 Si certaines entreprises ont mis en place de nouvelles formes de contrôle et de surveillance de leurs travailleurs, les personnes interrogées dans le cadre de ces enquêtes mettent peu en avant ce caractère intrusif ou ce sentiment de « contrôle » de la part de l’employeur. A la question de savoir s’ils se sont sentis davantage « surveillés » que d’habitude par leur employeur, les trois quarts (74%) des répondants déclarent que cela n’a pas été le cas, 16% que cela a été le cas mais cela ne les a pas perturbés, et 10% que cela a été le cas et que cela les a troublés. L’étude qualitative menée va dans le même sens : parmi les enquêtés s’étant trouvés en situation de télétravail, le contexte semble avoir souvent été marqué par la souplesse et les arrangements plutôt que par une logique de fort contrôle ou de rationalisation.

Il est toutefois important de souligner que, dans le panel, les enquêtés ayant témoigné de l’importance, pour eux, d’une nette séparation entre sphère privée et sphère professionnelle sont, en tendance, des enquêtés qui n’ont pas été confrontés au télétravail (soit parce qu’ils continuaient leur activité sur leur lieu de travail habituel, soit parce qu’ils étaient en chômage technique à 100%). Or, de façon générale, comme le souligne Dominique Pasquier, le lien entre numérique et brouillage des sphères privée et professionnelle a surtout été étudié au sujet des cadres. Cela est notamment à mettre en lien avec le fait que l’usage d’Internet, dans les milieux populaires, se déploie essentiellement dans le cadre des loisirs. Ses recherches montrent également que leurs usages numériques reflètent un fort attachement à une claire étanchéité des sphères, notamment entre l’univers familial et le monde professionnel.

En ce sens, on peut imaginer que le sentiment d’« envahissement » ou d’ « intrusion » de l’univers professionnel dans la sphère privée a pu se poser dans des termes différents pour les ouvriers ou employés qui auraient été confrontés à des situations du télétravail que pour les cadres (même s’ils sont, numériquement, bien moins nombreux à avoir expérimenté le travail à distance que les cadres ou les professions intermédiaires). Dans le cadre de la présente étude, il est difficile de tirer des conclusions à ce sujet : le nombre d’entretiens très réduit auprès d’employés ayant connu des situations de télétravail ne permet pas d’explorer cette question de façon fine.

 

Des stratégies de protection de son intimité

Même si, dans les entretiens, le sentiment de « contrôle » de la part de l’employeur a donc été très peu marqué, cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a eu aucun sentiment d’ « intrusion » de la sphère professionnelle dans l’univers privé. En raison du contexte hiérarchique, certains enquêtés ont été contraints d’adopter certaines pratiques – la visioconférence – alors qu’ils auraient préféré s’en passer. Ils ont néanmoins été contraints de s’y plier à certains moments, car ils ne se « sentaient pas » de refuser lorsque la demande procédait d’un supérieur hiérarchique, ou découlait d’un impératif implicite (l’ensemble des collègues directs s’y conformant). Philippe Y., cadre dans une banque, témoigne : « En général, moi, j’avais la caméra toujours fermée. (…) j’avais pas très envie qu’ils voient. On est chez soi, on n’a pas forcément... (…) Après, y a juste eu une réunion, entre mon chef, la directrice du contrôle de gestion, le responsable comptable ; ils voulaient qu’on soit en visio. (…)  J’étais un peu gêné, c’était pas forcément… Mais ça avait été suggéré par quelqu’un d’autre, j’allais pas jouer la personne qui veut pas montrer son intérieur. J’étais pas en situation de dire ‘moi je veux pas’. »

Par ailleurs, différents indices ou anecdotes narrés au cours des entretiens laissent entrevoir en réalité un certain nombre de stratégies ou de techniques, sans forcément toujours en avoir parfaitement conscience, pour contenir le mélange des sphères.

La première de ces stratégies s’est traduite par une réorganisation de l’espace de vie familiale, pour recréer des espaces associés à des usages précis et bien distincts. Bien entendu, ces possibilités de réagencement de l’espace ont été fortement dépendantes de la taille des logements et de la configuration familiale. Quand ils en avaient la possibilité, le télétravail a amené les enquêtés à s’aménager un espace dédié pour s’assurer une certaine tranquillité.

Au-delà de la recréation de frontières spatiales, une partie des enquêtés a également tenu à établir des frontières temporelles claires entre les différents temps de la journée. Cette dimension a souvent été présentée comme particulièrement importante pour les enfants : il s’agissait de planifier un rythme, de poser un cadre, de façon à cadencer les journées. Mais au-delà de la scolarité, les frontières temporelles ont également pu être fixées par les enquêtés dans le cadre du télétravail. Certains se sont par exemple donnés pour règle de ne pas se rendre disponible en dehors d’horaires déterminés. Il faut néanmoins souligner que ces frontières temporelles se sont souvent avérées, en pratique, difficile à mettre en œuvre pour les enquêtés, en raison de la juxtaposition de différents impératifs – scolaires, professionnels – au sein d’une même journée. Cette réorganisation a de fait amené à une modification des horaires de travail, contraignant les enquêtés à travailler en décalé (souvent en soirée) pour répondre à leurs impératifs professionnels.

Le troisième type d’ajustement s’est traduit par des efforts de neutralisation du cadre, de l’environnement personnel dans le cadre des temps de visioconférence. Les moments de visioconférence ne sont pas neutres : ils donnent lieu à un certain nombre de « manœuvres » pour maîtriser ce qui est donné à voir. Ces ajustements ne se font pas nécessairement de façon systématique : au contraire, ils sont souvent mobilisés de façon stratégique, suivant les types d’interlocuteurs, les enjeux associés à la situation, les significations qui peuvent être prêtées à ce qui est « visible »… Dans le cas de Clarisse H., par exemple, la plupart des visioconférences se sont déroulées dans le salon, laissant parfois apparaître un de ses enfants en arrière-plan. Si cela ne lui posait pas de problèmes particuliers lorsqu’il s’agissait de ses collègues, avec lesquels elle a développé des relations amicales et qui connaissent déjà ses enfants, elle s’isolait en revanche plus systématiquement lorsqu’elle échangeait avec des clients.

Le même constat est repérable dans des contextes où le fait de laisser transparaître des différences, en termes de conditions de vie, d’aisance matérielle, pouvait être perçu comme délicat et ou susceptible de générer un certain malaise. Ainsi, Aurélie P., qui donne quelques cours dans une école de commerce, a mis en place des règles pour veiller à ce que tout le monde se sente dans une situation de travail et que les différences de situations matérielles entre les élèves soient neutralisées (ou en tout cas, non visibles). Dans le même ordre d’idée, Patricia G. explique qu’elle a été amenée à réaliser certains entretiens en visioconférence depuis son jardin (sa fille occupant le salon) avec les jeunes qu’elle accompagnait. Cela a néanmoins soulevé chez elle des questionnements : elle n’était pas à l’aise à l’idée de donner à voir un certain confort matériel à des jeunes dont elle connaissait la situation difficile, et y voyait une forme d’entorse au professionnalisme requis dans le cadre de sa fonction.

 

La protection de la vie privée davantage perçue que la protection des données

Ces diverses stratégies mises en œuvre illustrent le fait que les individus accordent une place importante à la protection de leur vie privée davantage qu’à la protection des données personnelles. De fait, ce dernier sujet est rarement évoqué spontanément sous ce vocable par les interviewés. Le concept de protection des données personnelles est difficile à appréhender pour la plupart des enquêtés. D’une part, cette terminologie ne fait pas nécessairement partie de leur vocabulaire. D’autre part, ce terme est susceptible de référer à des registres très différents, qui n’éveillent pas chez eux le même niveau de sensibilité.

En écho à l’analyse de la construction des droits distincts de protection de la vie privée et des données personnelles menée dans le Cahier IP8 Scènes de la vie numérique, les périmètres prêtés par les enquêtés à ce qui relève de la vie privée et celui des données personnelles ne se recouvrent pas exactement. Un point est sécant cependant, celui des réseaux sociaux : c’est la passerelle la plus évidente entre vie privée et données personnelles. Comme nous l’avons vu, l’acception la plus répandue des « données personnelles » chez les enquêtés renvoie à l’image que l’on donne à voir de soi et de ses proches. La photo de soi, de ses enfants, de son univers familial cristallise les craintes vis-à-vis des risques et usages incontrôlés qui pourraient en être faits. La sensibilité est d’abord particulièrement marquée concernant la nécessaire protection des enfants. La plupart des parents rencontrés craignent en effet les risques et mauvais usages qui pourraient être faits de données identifiantes, photographies laissées par leurs enfants, ou les « mauvaises rencontres » qu’ils pourraient faire sur les réseaux sociaux. Il y a ici une référence claire à l’intime, à l’image de soi ; c’est d’ailleurs sur ces éléments que les enquêtés évoquent le plus souvent les stratégies d’occultation ou de dévoilement qu’ils mettent en œuvre pour présenter une image d’eux-mêmes et de leur environnement correspondant à ce qu’ils souhaitent montrer. En revanche, le lien entre vie privée et données personnelles est beaucoup plus lointain lorsqu’il s’agit de faire des achats en ligne, de naviguer pour le plaisir, de regarder une vidéo sur YouTube… Certes, les enquêtés ont le plus souvent conscience que cela peut être tracé sur Internet, mais ce qui est perçu ici est moins un empiétement sur la vie privée, qu’une collecte d’information de nature marketing.

Par ailleurs, autant les risques liés à l’exposition de la vie privée semblent dommageables, autant l’exploitation des données personnelles « laissées » sur Internet peuvent laisser dubitatif. Les publicités ciblées par exemple peuvent être jugées agaçantes, voire intrusives, et être plus ou moins bien acceptées, mais elles ne sont pas marquées du même caractère de gravité que l’exposition de sa vie privée. En d’autres termes, les données personnelles issues de visites sur des sites semblent beaucoup plus abstraites aux enquêtés, souvent dénuées d’intérêt réel, et les conséquences de leur exploitation semblent beaucoup plus lointaines. Beaucoup expliquent de toute façon ne pas « comprendre comment cela fonctionne ». Ils peuvent irriter lorsqu’ils proposent toujours la même chose. Mais, au fond, quels risques font-ils peser sur l’individu ? Si des photos peuvent incontestablement être détournées ou laisser des traces indélébiles et gênantes et nuire à l’individu, quels risques pour l’individu si l’on connait ses préférences alimentaires ? De la même manière, qui irait s’intéresser aux conversations et images anodines en cas de piratage de Zoom ? Plusieurs enquêtés, et notamment ceux disposant d’un bagage socioculturel élevé, relativisent ainsi l’importance des risques encourus. Revient ainsi dans de nombreux propos des arguments de type « je n’ai rien à cacher », « je ne fais rien d’illégal ».

Dès lors, l’hypothèse d’une plus grande sensibilité à la protection des données personnelles du fait de l’usage massif des dispositifs de visioconférence, posée au commencement de cette étude ne semble pas se vérifier. Le sondage mené par l’IFOP pour la CNIL sur la vie numérique pendant le confinement révèle que la majorité (60%) des personnes interrogées se déclarent « ni plus ni moins sensibles » à la question de la protection des données personnelles, 36% se déclarent « plus sensibles », 4% « moins sensibles ». Les résultats montrent également que les personnes issues des catégories populaires et celles ayant un diplôme infra bac sont surreprésentées parmi celles qui s’y déclarent plus sensibles qu’avant : c’est en effet le cas de 40% des catégories populaires (+ 4 points par rapport à l’ensemble), 44% des personnes avec un CAP/BEP (+ 8 points), et 48% des personnes sans diplôme ou avec un CEP/BEPC (+12 points).

L’étude qualitative menée ne met, globalement, pas en évidence d’évolution substantielle de la question de la protection des données personnelles pendant le confinement. Ceux qui étaient déjà très sensibles, le sont toujours autant, sinon plus. Dans quelques cas, on observe en revanche un effet d’« alerte », pour des enquêtés qui étaient davantage néophytes dans l’usage et la manipulation des outils. C’est auprès de ces personnes que l’impact du confinement est le plus visible, au moins en termes de prise de conscience du risque que peuvent présenter les outils numériques du point de vue du respect de la vie privée et de la protection des données personnelles. Parmi nos enquêtés, on peut faire référence notamment à C., qui explique avoir été fortement sensibilisée par son entreprise sur ces questions, à l’occasion et depuis le confinement. Elle a eu le sentiment d’apprendre beaucoup de choses et d’ailleurs ses usages des outils numériques se sont diversifiés. En revanche, elle ne prend pas davantage de précautions que par le passé. Elle bute sur des questions techniques et ne voit pas comment elle pourrait s’y prendre. Cet obstacle perdure et est cité par plusieurs enquêtés qui, suite au confinement et à l’intensification des pratiques, peuvent s’interroger sur la nécessaire évolution de leurs pratiques, tout en se sentant toujours assez démunis. Une logique « fataliste » persiste pour beaucoup.

Cette enquête exploratoire sur les pratiques numériques pendant le confinement rejoint les réflexions menées dans le cahier IP8 sur la protection des données au quotidien. Les pratiques des individus s’inscrivent dans des situations sociales, traversées de rapport de force, d’intérêts contradictoires et de ressources inégales, qui expliquent les sensibilités hétérogènes en matière de protection des données. Dans les prochains mois, le LINC entend poursuivre ces enquêtes sociologiques pour améliorer sa compréhension des pratiques individuelles afin de mieux accompagner les individus dans la mise en œuvre de leurs droits de protection des données personnelles. 

 

Pour en savoir plus : 


Article rédigé par Antoine Courmont , Chargé d’études prospectives