Nos ondes cérébrales sont-elles des données personnelles ?

Rédigé par Régis Chatellier

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02 février 2017


Pourra-t-on bientôt vous voler vos secrets les plus intimes ? C’est ce que pense la chercheuse Tamara Bonaci qui présentait ses travaux lors de la conférence Enigma Security. Elle y démontrait comment elle a pu utiliser un simple jeu vidéo, Flappy Whale, pour analyser la réponse neuronale de personnes à qui l’on expose des images subliminales.

L’expérience a consisté en la pose d’électrodes sur les joueurs afin de prendre leur électroencéphalogramme puis de les exposer à des images relativement inoffensives, comme des logos de marques ou de restaurant, sans qu’ils s’en rendent compte. Les images passaient trop rapidement pour que le joueur ait conscience de les voir.

En mesurant leurs réactions, on pouvait déterminer s'ils appréciaient ou non ces marques. La chercheuse considère possible d'inférer des informations beaucoup plus sensibles, comme des opinions politiques, des croyances religieuses, ou l'état de santé… La chercheuse explique à Ars Technica que non seulement « les signaux électriques produits par notre corps contiennent des informations sensibles sur nous même, que nous ne souhaiterions pas partager avec le monde entier », mais que « nous pouvons «transmettre ces informations sans même en être conscients ».

Tamara Bonaci, qui s’est spécialisée dans la « sécurité et la vie privée dans les systèmes cyber-physiques » (qui interagissent avec les processus physiques), considère ces signaux électriques émis par le cerveau comme des informations personnelles, qui devraient être soumis à la même règlementation que les données personnelles.

LINC avait exploré en 2015 ce sujet dans le cahier IP3 (p. 44), consacré aux industries créatives. Nous faisions la prévision que les futures interfaces de jeux vidéo, associées à des capteurs corporels capables notamment mesurer les ondes cérébrales, seraient en mesure de capter les comportements de l’utilisateur, ses préférences, ses choix et ses émotions en temps réel. Les recherches de Tamara Bonaci semblent aller dans ce sens.

 

 


Article rédigé par Régis Chatellier , Chargé des études prospectives