Identity Car(d) : quand votre manière de conduire révèle votre identité…

Rédigé par Anuchika Stanislaus

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23 juin 2016


Des chercheurs des universités de l’état de Washington et de San Diego affirment qu’il est possible de différencier des conducteurs en analysant leur style de conduite, dérivé des capteurs du véhicule.

Freiner, accélérer, mettre son clignotant : autant d’actions anodines, qui sont caractéristiques de notre conduite, et constituent probablement de véritables empreintes numériques du conducteur.

Une étude, réalisée par des chercheurs des universités de l’état de Washington et de San Diego, a cherché à vérifier s’il était possible d’identifier des conducteurs à partir de données enregistrées par les capteurs à l’intérieur de la voiture. Les chercheurs ont proposé à 15 individus de conduire sur un parking (pendant 8 min, 15 min et une heure), puis sur une route pendant 80 kilomètres. Ils ont ensuite récupéré les données collectées par les différents capteurs présents dans la voiture (la pression sur les pédales, l’allumage des phares, le régime du moteur, la vitesse du véhicule, la consommation de carburant, …) et ont cherché à identifier des combinaisons de données suffisamment différentes d’un individu à l’autre.

Selon eux, il est assez facile d’isoler le comportement d’un conducteur parmi les autres même avec une durée de collecte assez courte (15 minutes peuvent suffire). Le capteur le plus efficace serait la pression sur la pédale de frein (bien plus « unique » que l’accélérateur, le clignotant, la vitesse ou la consommation de carburant). Notre manière de freiner serait en somme révélatrice de notre identité.

Cette étude livre deux enseignements :

  • comme souvent dans le cas des objets connectés (voir le cahier IP2 « Le corps, nouvel objet connecté ») des données en apparence anodines peuvent révéler beaucoup d’informations sur les individus, dès lors qu’elles sont correctement analysées et interprétées ;
  • des données collectées pour une finalité donnée (par exemple, optimiser l’utilisation des batteries d’une voiture électrique, améliorer le confort de conduite ou la consommation) pourraient être utilisées pour d’autres fins ; elles doivent donc être captées, traitées et sécurisées, correctement et dans le respect de la loi.  

Les chercheurs imaginent toutefois des détournements d’usages plausibles. Le véhicule connecté pourrait ainsi être un appui précieux pour certains acteurs tels que les assureurs, qui voudraient prouver que la voiture n’a pas été conduite par l’assuré au moment d’un sinistre.

Ces problématiques de confidentialité peuvent aussi trouver des réponses dans le « privacy-by-design ».   

 


Illustration : Flick-cc-by- Peter Burka


Article rédigé par Anuchika Stanislaus , Stagiaire au sein du pôle études, innovation & prospective