Qui sera vraiment derrière le volant de votre voiture autonome ?

Rédigé par Geoffrey Delcroix

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02 décembre 2016


Une question absurde? Peut-être pas si on s'interroge sur ce qui contrôlera vraiment ce monde : les données. L’association de défense de la vie privée EPIC considère que le gouvernement des Etats-Unis n’en fait pas assez pour protéger la vie privée des utilisateurs de véhicule autonome.

Les questions de vie privée et de protection des données personnelles occupent une part croissante des discussions sur les véhicules connectés. Les véhicules autonomes ne feront qu’accroître l'importance de ce sujet, en volume de données comme en nature et sensibilité. L'Electronic Privacy Information Center, une association de défense de la vie privée, critique ainsi la proposition de politique concernant les véhicules automatisés, mise en consultation publique par l'autorité fédérale étasunienne chargée de la sécurité du trafic autoroutier. 

EPIC souligne tout d'abord que les voitures autonomes seront de véritables aspirateurs à données, ce qui rejoint notre propre analyse : un objet connecté intelligent autonome est un objet fortement dépendant aux données. EPIC cite ainsi l'exemple des capteurs d'un véhicule BMW, capables de déterminer si un enfant est à bord. Une donnée qui, associée à la durée du trajet en cours, intéresse particulièrement les publicitaires : si la voiture roule depuis plusieurs heures, il y a des chances que l'enfant à bord soit affamé, il serait donc judicieux de pouvoir exposer les occupants à une publicité pour un restaurant se trouvant à proximité... 

Le document d'EPIC rappelle également l'importance de l'enjeu de sécurité  dans le cadre des véhicules autonomes en s'appuyant sur les démonstrations de prise de contrôle à distance (freins, accélérateur, direction ou encore tension des ceintures de sécurité) réalisées par des chercheurs. 

EPIC conclue que la position actuelle de l'autorité fédérale est insuffisamment protectrice, car trop focalisée sur les seules notions d'information/consentement. Une telle priorité risque selon elle d’aboutir à proposer uniquement à l'utilisateur soit de renoncer aux services d'une voiture autonome soit d’accepter l’ensemble de ses "conditions d'utilisation", sans avoir ensuite de réelles protections quant aux usages des données.

Pour EPIC, au-delà du nécessaire mais insuffisant couple information/consentement et de l'adoption de très souples chartes de bonne conduite par les constructeurs "s'auto-régulant", il faut que l'Etat fédéral impose l'ensemble des principes traditionnels de protection des données aux acteurs du véhicule autonome : responsabilité, loyauté, proportionnalité, finalité, ...

Cet ensemble de recommandation d'EPIC contribuerait certainement à rapprocher la régulation des deux côtés de l’atlantique ...

Texte reference

Retrouvez le document complet sur le site d'EPIC


Illustration : Bart -The Scary Crazy Driving Robot is Back (Flickr) CC BY NC


Article rédigé par Geoffrey Delcroix , Chargé des études prospectives