Quelle place pour l'éthique et la protection de la vie privée dans la R&D ?

Rédigé par Olivier Desbiey

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06 juin 2016


Le Center for Democracy and Technology et le fabricant de capteurs d'activité Fitbit viennent de publier un rapport sur la place de l'éthique et de la protection des données personnelles dans les programmes de recherche et développement.

Comme nous le soulignions dans le Cahier d'exploration Le Corps, nouvel objet connecté, les données produites par les nouvelles générations de trackers d'activité connectés (montres, bracelets, balances,...) produisent des données qui sont par nature particulièrement intimes.

A l'heure où ces objets captent toujours plus de données, les chercheurs du CDT et l'entreprise Fitbit publient un rapport en direction des acteurs du secteur des wearables, mettant en avant des bonnes pratiques en matière d'éthique et de protection de la vie privée dans la R&D.

Sur la base d'une enquête réalisée auprès d'employés de l'entreprise et par l'analyse de la gestion de leurs projets de recherche et développement, les chercheurs proposent une série de recommandations, certaines très opérationnelles et d'autres davantage liées à la culture de l'entreprise :

  • au niveau individuel,"digital dignity": l'objectif est d'offrir le maximum de contrôle aux individus sur leurs données et de minimiser l'exposition de leur identité (en favorisant le recours au pseudonyme par exemple);
  • au niveau de l'entreprise,"operational stewardship": il s'agit de mettre en place des protocoles et politiques de gestion des données leur permettant de rendre compte (reprise du principe d'accountability). Cela peut également s'incarner par le fait de s'entourer de chercheurs ou plus généralement de compétences en privacy;
  • au niveau de la société dans son ensemble, "social good": enfin, selon les chercheurs, il est naturel que les entreprises qui opèrent dans les objets connectés dédiés au bien-être et à la santé s'investissent également pour l'intérêt commun en particulier au travers de programmes de recherche dont les résultats sont accessibles publiquement.

Au-delà de la nature des recommandations, l'un des objectifs est de montrer que la protection des données personnelles est un enjeu majeur pour son développement, et qu'elle cherche à nouer un rapport de confiance avec les utilisateurs. Autrement dit, sur des marchés où les données des utilisateurs peuvent s'avérer particulièrement intimes, l'argument de la privacy peut aussi permettre de créer un avantage concurrentiel.

Enfin, l'étude est focalisée sur la phase la plus amont de la production en s'intéressant à la gestion des projets en recherche et développement : intégrer les préoccupations sur la trajectoire données dès la conception est la définition même du privacy by design.

Texte reference

Le rapport sur les meilleures pratiques par le CDT et Fitbit


Illustration : Flickr cc-by Kevin Dooley


Article rédigé par Olivier Desbiey , Chargé des études prospectives