[Infographie] Quelles contreparties au partage ?
Rédigé par Régis Chatellier
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24 June 2016Dans un monde numérique, que partage-t-on et pourquoi ? Dans le Cahier Ip "Partage!", nous avons élaboré une taxonomie des contreparties au partage, du point de vue de l'individu.
Plutôt que de se cantonner à la seule notion de données personnelles, c’est par l’angle du don de soi (du plus matériel au plus immatériel), que nous avons voulu aborder la notion de partage : comment chacun est-il amené à émettre des données, volontairement ou non pour accéder au savoir, à un service, contribuer à l’intérêt général ou simplement gagner sa vie. Chacune de ces activités, si elle est préexistante au numérique, produit aujourd’hui des traces plus ou moins indélébiles et de la donnée, stockée, gérée et organisée par des intermédiateurs que sont les plateformes.
Sur la base de ces constats, nous avons élaboré une taxonomie, sous forme de matrice suffisamment ouverte pour couvrir les différentes formes de partage.
L’engagement et les efforts consentis peuvent être variables, en mobilisant des motivations et ressorts très différents. La matrice ci-dessous illustre ce champ de combinaisons.
Comme le démontrent les différents exemples ci-dessous, chaque acte de partage se fraye un chemin dans la matrice, qui décrit une morphologie du partage dans le monde numérique.
Wikipedia
Sur Wikipédia, je partage des connaissances, par des créations (rédaction d’article) ou des contributions légères (discussions, corrections, etc.). Ma motivation est la satisfaction personnelle et l’amélioration de la qualité globale du contenu, pas nécessairement la reconnaissance (contributions souvent anonymes). Mon ressort principal est l’adhésion à des valeurs, à une communauté, au projet.
Airbnb
Sur AirBnB, je partage un bien que je possède en publiant une annonce (création) dans un but essentiellement pécuniaire. Je le fais par incitation financière (ou par adhésion à l’idée, plutôt pour les utilisateurs de services du type couchsurfing).
Waze
Sur Facebook, je partage des expériences, des opinions par des contributions légères (et des traces). Ma motivation varie du besoin de participer pour accéder au service, à la satisfaction personnelle en passant par la reconnaissance (marketing de soi).
Les ressorts varient, d’une forme d’obligation sociale (« c’est bizarre de ne pas avoir de compte ») à l’incitation qui ne dit pas son nom (nudge par la plateforme).
Client Uber
Chauffeur Uber
Ma motivation est pécuniaire, c’est un travail et le ressort reste de l’ordre de l’obligation.
Sur Linkedin, je partage des contenus, et des compétences, notamment par la création d’articles. Je laisse des traces volontairement afin qu’on puisse me trouver facilement dans un but de participation pour obtenir un emploi, réaliser un service, mettre à profit mes compétences. Je l’utilise par des formes d’incitation, voire d'injonction. (L’effet réseau incite à ne pas être exclu du potentiel d’opportunités qu’apportent la plateforme)
Sur Twitter, je partage des contenus (informations, actualités, articles…) ou des expériences et opinions par des créations originales (images, liens vers des posts de blogs…) ou des contributions légères (commentaires/réponses aux tweets des autres) pour gagner de la reconnaissance (plus de followers et de retweets, des mentions ou des #FF) ou améliorer son bien-être (par exemple en trouvant des réponses à ses questions). En général, la participation au partage sur Twitter est motivée par l’adhésion à l’idée du partage de connaissances instantané.