L'art ventriloque des métadonnées

Rédigé par Régis Chatellier

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19 mai 2016


Des chercheurs de Stanford révèlent l'ampleur des informations personnelles contenues dans les métadonnées des appels téléphoniques.

Vos appels à un cardiologue, une pharmacie et le service client d'une entreprise de fabrication de moniteur d'arythmies cardiaque suffisent pour déduire que vous souffrez de problèmes cardiaques, sans même accéder au contenu de vos conversations. Voici le type d'informations personnelles inférées par le groupe de chercheur, à partir d'un échantillon de 800 personnes. Chacun avait installé une application dédiée (à la manière de celle que nous avions développée pour Mobilitics) qui a recueilli les métadonnées provenant de 250 000 appels (numéros appelés, longueur des appels), et 1,2 millions de SMS.
 
Patrick Mutchler, de l'équipe de recherche, confesse avoir été "surpris par le niveau de réussite pour inférer des informations sur chaque individu. S'il semble intuitif que vos contacts avec des entreprises révèlent des choses sur vous, il est très intéressant de voir avec quelle efficacité vous pouvez identifier une personne susceptible d'avoir un certain type de pathologie, une information que nous considérons privée..."
 
L'étude visait à répondre à l'idée selon laquelle les métadonnées ne constituent pas des données personnelles, justifiant selon la NSA la collecte de celles-ci. Bien que les résultats ne soient pas surprenant, l'objectif des chercheurs est surtout d'informer la population comme le législateur, leur permettre de comprendre les implications des choix politiques effectuées dans le compromis "sécurité vs vie privée".
 
 
Texte reference

Article rédigé par Régis Chatellier , Chargé des études prospectives