Les données cyclistes redessinent la ville

Rédigé par Régis Chatellier

 - 

09 mai 2016


Dans le Guardian, plus de 70 villes dans le monde réutilisent à des fins d'aménagement urbain les données de déplacements publiées par les cyclistes sur Strava.

L'application de fitness, d'abord destinée à ceux qui souhaitent partager leurs itinéraires et valoriser leurs performances sportives sur un réseau social dédié, s'est peu à peu imposée comme une référence, au point de générer une masse de données considérable. On compte plus de six millions de trajets enregistrés pour la seule ville de Londres, plus de trois millions à Amsterdam et déjà presque 1 million à Paris.

Ces données produites par les utilisateurs représenteraient, selon Strava Metro, de 5 à 10% des déplacements urbains dans certaines villes. L'urbaniste Sheila Lyons précise que les jeux de données transmis aux municipalités comportent "le nombre de cyclistes usagers de Strava, leurs âge et genre, le nombre de passages par rue, et même leurs itinéraires complet." Des informations utiles pour calculer les retours sur investissement dans les infrastructures et les pistes cyclables, voire trouver des moyens pour les améliorer … et qui soulèvent des questions quant aux possibilités de réidentification des personnes.

Au-delà des questions relatives à l'anonymisation soulevées par la revente de ces jeux de données (l'Oregon a déboursé 20 000$ pour y accéder, quand les usages académiques restent gratuits), Strava Metro est un exemple représentatif des nouveaux usages de la ville numérique et de la "smart city" : de chaque fait et geste résulte la production de données, parfois réutilisées à des fins différentes de l'intention initiale.


Article rédigé par Régis Chatellier , Chargé des études prospectives